Il y a de cela presque exactement un an, j’ai décidé de manière spontanée, sans même en parler à qui que ce soit, de m’inscrire pour une session d’échange en Espagne. Cette décision, prise au retour d’un voyage entre amis dans ce même pays, représentait pour moi un défi. Je partais seul et sans aucune expérience antérieure de vie à l’étranger. Malgré les attentes élevées que j’avais envers cette nouvelle expérience, jamais je ne me doutais à quel point ce séjour à l’étranger allait changer ma vie. Certes l’intégration dans un nouveau milieu comporte de nombreux défis, cependant, les apprentissages, les découvertes, les nouvelles amitiés, les voyages, les montagnes russes d’émotions (et j’en passe), en valent la peine. Voici donc l'histoire de mon périple, des premiers pas incertains à la découverte d'une deuxième maison.
Le choix de la solitude
Il était important, pour moi, de réaliser mon échange seul. Je voulais absolument partir seul puisque, comme mentionné plus tôt, cela représentait un défi. C’était pour moi, une façon de me prouver que j’étais indépendant et que je n’avais pas besoin de quelqu’un d’autre pour concrétiser mes projets.
À mon avis, l’indépendance permet d’accomplir de grandes choses. Être indépendant signifie apprendre à être bien avec soi-même et apprendre à se débrouiller, peu importe la complexité de la situation. C’est aussi être en mesure, parfois, de prendre un pas de recul, de se détacher des aspects négatifs de notre vie pour miser davantage sur l’aspect positif des choses.
Je dois aussi avouer que le sentiment d’inconfort généré par cette solitude ainsi que l’aspect inconnu de l’expérience qui m’attendait me stimulait énormément. J’aime sentir que je me « challenge » moi-même que ce soit sur le plan intellectuel, émotionnel, social ou culturel. Heureusement pour moi, cette session en Espagne était sur le point de faire tout ça en même temps!
Comme la majorité d’entre nous, j’avais quelques craintes concernant mon intégration dans mon université/pays d’accueil avant mon départ. Je craignais principalement manquer de temps pour tisser des amitiés serrées qui perdureraient au-delà des frontières géographiques. Quatre mois me semblaient très peu pour rencontrer, côtoyer, apprendre à connaître et devenir réellement ami avec de purs étrangers. J’expliquerai plus tard pourquoi cette crainte s’est avérée irrationnelle.
Les débuts en terre inconnue
Mon arrivée à Pampelune, en Espagne, s’est révélée moins ardue que je ne l’imaginais.
Avant de mettre les pieds en ville, j’avais joint quelques groupes sur WhatsApp partagés par mon école, dans lesquels se retrouvait l’ensemble des étudiants d’échange de mon université d’accueil. Cela étant dit, il était plutôt simple de savoir ce qui se passait en termes d’événements d’accueil. J’avais même déjà échangé avec quelques étudiants la journée de mon arrivée.
Le soir même, j’ai rejoint le groupe d’étudiants avec qui j’étais préalablement entré en contact, pour prendre un verre. Quelques heures à peine après mon arrivée à la station de bus de la ville, j’avais donc déjà fait mes premières connaissances. Parmi, celles-ci, de bonnes amitiés se sont même développées.
J’ai rapidement réalisé que tout le monde ou presque était dans la même situation, seul(e) et prêt à se faire de nouveaux amis pour vivre ensemble un semestre mémorable. Dans cette optique, il était plutôt simple de joindre un groupe d’étudiants ou encore de créer un rassemblement en utilisant le groupe WhatsApp.
Deux journées d’accueil étaient également tenues par l’université, on nous a présenté le campus, les différents services et programmes offerts. Nous avons même eu droit à un tour guidé de la ville lors de la deuxième journée.
Ce qui a également fait la différence et grandement simplifié mon intégration est l’existence de deux associations étudiantes (Happy Erasmus et AEP Pamplona). Ces organisations orchestraient à eux deux d’innombrables événements destinés aux étudiants internationaux d’échange comme moi. Il pouvait s’agir de simples soirées aux bars/clubs, d’activités davantage culturelles et typiques espagnoles, de soupers internationaux et même de voyages.
Les défis rencontrés
Bien évidemment, mon arrivée à Pampelune m’a forcé à faire face à quelques petits défis. Bien que je m’y attendais, les défis rencontrés n’ont pas tous été les mêmes qu’anticipés.
Le premier fut un constat assez rapide, après quelques heures en ville seulement : personne ou presque ne parlait anglais. Bien évidemment je m’y attendais, mais je croyais tout de même pouvoir m’en sortir avec l’anglais lors de mes premières semaines suivant mon arrivée. En fait, je m’étais trompé, très rares étaient les locaux qui comprenaient l’anglais. Google Traduction m’a donc été bien utile dans mes débuts pour communiquer en espagnol avec le personnel de la résidence où j’habitais.
Le deuxième défi en ordre chronologique, mais probablement celui qui fut le plus difficile pour moi, est survenu environ une semaine après mon arrivée. Après plusieurs jours intenses à rencontrer des dizaines d’autres d’étudiants et à découvrir ma ville d’accueil, je suis tombé malade. J’ai attendu plusieurs jours, cloué au lit, en espérant ne pas avoir à consulter. Malheureusement, ce que je craignais arriva, ma situation ne faisait qu’empirer, j’avais de la fière, je peinais à dormir et à manger.
Cette situation fut le principal obstacle mental de ma session. J’étais seul, au tout début de mon échange, à l’autre bout de la planète, dans un pays où j’arrivais à peine à communiquer et j’étais malade. J’ai même pensé à retourner chez moi (au Canada) à ce moment… La barrière de la langue venait, en plus, compliquer le tout.
Une chance, j’ai contacté mes assurances et trouvé une clinique appropriée. La consultation fut extrêmement efficace, j’ai même été accueilli par des réceptionnistes qui parlaient français, quelle chance! On m’a finalement prescrit des antibiotiques et quelques jours plus tard, j’avais retrouvé la santé. Finalement, j’étais vraiment satisfait de ma décision de rester!
Les rencontres et nouvelles amitiés
Comme énuméré précédemment, l’une de mes craintes principales était de manquer de temps pour bâtir des amitiés solides. Cette crainte s’est rapidement évaporée. En fait, en moins d’un mois, mon cercle social s’est naturellement recréé. Sans même avoir eu à réellement chercher, j’avais désormais des dizaines de connaissances ainsi que plusieurs amis proches parmi la communauté étudiante de la ville.
À la différence de ma vie au Canada, à Pampelune, je voyais mes amis proches sur une base quasi quotidienne. Que ce soit pour un souper, une simple marche, pour prendre une bière dans le centre de la ville ou encore pour voyager les fins de semaine, nous étions très souvent ensemble. Par conséquent, nous nous sommes rapprochés très rapidement. Si bien, que j’avais l’impression de les connaître depuis de nombreuses années. Pourtant, je venais tout juste de les rencontrer, il y a de cela à peine 4 mois.
Lors de mon retour au Québec, j’avais également le sentiment de laisser ma vie en Espagne, mes références, mes habitudes, ma routine et surtout mes amis. Cette triste impression me paraissait ironique en même temps puisqu’en août dernier, à mon arrivée à Pampelune, rien de tout cela n’existait. Le contraste est flagrant et illustre à quel point la vie étudiante en échange est une aventure vibrante. En un rien de temps, je me suis trouvé plongé dans une nouvelle réalité.
Ce que je ferais différemment
Cette question est sans doute celle qui m’a été posée le plus souvent depuis mon retour au Québec. Honnêtement, même si cela peut sembler cliché, je ne regrette rien à proprement parler de mon échange.
Toutefois, je peux dire que si c’était à refaire, j’améliorerais la préparation à mon expérience d’une seule façon, soit en maîtrisant davantage la langue en amont. En fait, même si je me suis très bien débrouillé en apprenant le nécessaire sur place ou en utilisant l’anglais lorsque la requête était plus complexe, être fluide en espagnol aurait définitivement changé la donne.
En parlant un espagnol respectable à mon arrivée, il aurait été plus simple de me lier d’amitié avec les étudiants locaux. Parler la langue du pays permet de s’y intégrer plus rapidement et de s’imprégner de la culture plus facilement. J’ai aussi remarqué que mes amis qui parlaient bien espagnol étaient mieux reçus par la communauté en comparaison avec moi qui ressemblais probablement davantage à un touriste à leurs yeux.
Ainsi, mon apprentissage de la langue aurait évolué de façon exponentielle si ma préparation avait été meilleure. En arrivant avec un niveau décent, la communication en espagnol aurait été facilitée. De cette façon, l’aspect « immersif » de la langue aurait pu être possible. Alors qu’à l’inverse, mon manque de connaissances de l’espagnol m’a empêché de m’engager dans des conversations et de me faire des amis uniquement hispanophones.
Mot de la fin
Même si le départ à l’étranger peut sembler intimidant à première vue, le processus d’intégration sur place est bien souvent plus simple qu’on ne se l’imagine. Mon conseil serait donc d’y aller une étape à la fois et d’éviter de penser à tout ce que l’intégration à l’étranger peut signifier.
Évidemment, je recommanderais aussi d’apprendre le plus possible la langue du pays avant votre départ le cas échéant. Cela vous rendra assurément un énorme service dans votre pays d’accueil, croyez-moi!
Dans mon cas, participer aux activités offertes par l’université et les associations aux étudiants arrivants fut la clé de mon intégration. Particulièrement en début de session lorsque la majorité des gens sont également en quête de nouvelles amitiés.
Une chose est certaine, malgré l'ensemble des défis, prévus ou imprévus, qu'un échange étudiant peut représenter: ¡vale la pena al 100%!
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